Après avoir établi les bases du bal, Arthur, à demi caché par son masque lavande qui complétait son vêtement de soie bleue et argentée, tendit un verre à Isabella. À la lumière des chandelles, ses cheveux roux brillaient intensément, ses yeux couleur d’ambre traduisaient une curiosité innocente. À travers les années, la douce beauté d'Isabella lui procurait une constante et douce mélancolie, c'était elle, son amour immuable à travers le temps. C'est alors qu'une idée folle germa dans la tête d'Arthur. Et si devenir le nouveau duc de Venise lui permettait de balancer le pouvoir en sa faveur et de trouver une voie vers son époque? Il savait que le coup d'État était risqué, que sa vie serait en danger, mais il était prêt à tout pour retrouver son monde. Il entama alors un subtile jeu d'alliances, attirant à lui aussi bien les aristocrates que les guerriers, les hommes de lettres et les artistes, les échangeurs de faveur et les faiseurs de rois. Sans perdre de vue le bien-être d'Isabella, Arthur laissa son amour pour elle définir chaque étape de son périple. Isabella, pour sa part, se montrait à la hauteur du défi, usant de sa ruse et de son charme pour gagner des alliés pour leur cause. Ce fut un jeu silencieux, joué entre les lignes des élégies et les courbes des minuets. Tard dans la nuit, Arthur rejoint Lorenzo dans son bureau, un couteau dissimulé dans sa manche de soie. Le bureau était un dédale de bibelots anciens et de livres reliés de cuir. Lorenzo, assis derrière son bureau volumineux, arbore son habituel air sûr de lui. C'était le moment idéal pour Arthur de montrer ses vraies couleurs, de faire pencher la balance du pouvoir.