L'étreinte des étoiles - 3

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Dans le décor silencieux mais vibrant de l'astre rouge, Andréa travaillait sans relâche. Les paupières lourdes d’un sommeil et d'une tranquillité révolus, sa concentration était audacieuse et farouche. Elle était assise à son bureau, un lieu de labeur encombré par un foisonnement de câbles, de lumières clignotantes et de panneaux d'écrans illuminés par des algorithmes complexes. Son centre de travail était planté sur un sol martien rougeâtre et poussiéreux, à l’abri sous une coupole de verre. À travers celui-ci, elle pouvait contempler les étoiles qui scintillaient sans cesse, quelques vagues constellations terriennes lui rappelant un semblant de familiarité. Aux alentours de son poste de travail, des dispositifs mécaniques se mouvaient, miaulant comme des félins de métal, répondant à ses ordres avec une loyauté indisputée. Ils étaient des araignées métalliques, des instruments sophistiqués de sa conception, écho de sa perspicacité scientifique. Ces constructions mécaniques, symboles de sa détermination, allaient servir une fin impérieuse. Un double synthétique d'Adrastos. Le processus de création fut minutieux, précis comme le battement d'une aile de papillon, chaque détail comptant pour recréer une version indistinguable de l'homme réel. Les fils conducteur quartzaux, les cellules auriques, l’algorithmepar synthétique, chaque élément avait son importance. Mais ce qui importait le plus à Andréa, c'était de transcender cet ensemble de circuits et de nanostructures pour redonner vie à une essence humaine. Les expressions, le comportement, le timbre de voix, jusqu’au regard énigmatique, elle s’efforça de tout reproduire à la perfection. Elle voulait que ce clone soit à l’image exacte d'Adrastos, non pas pour elle, mais pour tromper le monde sur la vraie nature de l’homme qu’elle avait rendu amnésique. Et malgré ses intenses efforts, malgré cette illusion de perfection, Andréa ne pouvait se défaire d’une tristesse infinie. La créature devant elle n’était pas Adrastos. Son regard manquait de ce scintillement mystérieux et sa présence ne portait pas l'aura unique du véritable Adrastos. En elle se manifestait un profond regret; un regret profond dyssymétrique, oscillant entre son besoin de protéger son peuple et son désir d'amour pour un homme qui ne se souvenait plus d'elle. Maudissant à demi-voix la malédiction ancestrale qui les menaçait, elle activa le clone d'Adrastos, priant silencieusement pour que ce sacrifice chaotique leur accorde la rédemption.