Hour après hour, les mains de Lysandre se muaient en deux brosses du grand artiste, dessinant la stratégie de l'attaque sur les cartes étalées devant lui. Il marquait d'un trait rouge les points vulnérables du château, l'entrée souterraine que Théodoric avait découverte des années auparavant lors d'une mission d'infiltration avortée, les tours de garde où les archers montaient leur ronde. Un plan d'assaut était en train de prendre forme, un choc audacieux, déterminé, qu'ils lanceraient à l'aube. Sa nouvelle troupe, les visages marqués par le temps et la guerre, l'examinaient avec une attention silencieuse. Leurs regards étaient fiévreux mais empreints d'une détermination que Lysandre n’avait jamais vue auparavant. À ce moment, toutes les hésitations semblèrent s'évanouir et une unanimité fervente se forgea autour du plan audacieux. Captivés par la rigueur et le charisme de Lysandre, Théodoric et ses rebelles étaient prêts à marcher jusqu’au bout de la nuit, à jeter leur destin dans la balance. Sur les coups de minuit, ils se mirent en route, enveloppés d'ombres et de silence, cherchant à se fondre dans la noirceur de la nuit. Se rapprochant du château, ils purent voir ses hautes tours se dresser au loin, surgissant des ténèbres comme des poings d’acier. Chaque pas les rapprochait de la gemme sacrée, de la gloire ou de la mort, et, pour Lysandre, de Rosaline. De son amour interdit et de la chance, peut-être, de vivre un avenir sans le poids des armes.