Au coeur de la pénombre, Théodoric et Lysandre, plongé dans une conversation ténébreuse, ne remarquèrent pas les silhouettes cagoulées qui se dessinait dans une lumière nocturne, s'avançant lentement, telles des ombres portées par les flammes des torches. Sans un mot, l'armée royale, opérant dans le silence découvrant leur guet-apens avec une excruciante lenteur, observait leur cible avec un oeil fauve, affamé de victoire. Le premier cri de souffrance retentit et la bataille commença. La vision d'une main gantelée serrant une dague enfoncée dans un corps, la pluie de débris tombant d'un abri que les assaillants avaient détruit, le fracas d'un gémissement emporté par le vent... Le camp était en désordre, les âmes brisés par la terreur, les épées s'abattaient, les cris étaient réprimés. Le chaos que les assaillants avaient fait naitre avait quelque chose de presque artistique, une représentation cruelle de la guerre.