En s'aventurant vers le plus profond des bois environnant le château, Lysandre repéra une rangée d'arbres majestueux. Leurs branches s'enlaçaient et s'élançaient ainsi vers le ciel, avec assez d'espace pour être des messagers d'océans à océans. Les corbairocs, des corbeaux au plumage bleu-noir, aussi grands qu'un aigle, le regard perçant, étaient connus pour assurer le transport des plis les plus confidents et urgents. Certain que personne ne pourrait intercepter le message d'un corbairoc, Lysandre les chercha des yeux, son regard s'arrêtant finalement sur l'un d'eux, perché sur une branche haute, ses yeux jumelles scintillantes le scrutant attentivement. Il s'approcha de l'oiseau avec une minutieuse discrétion, le cœur battant la chamade. Il s'accorda un moment pour admirer le plumage brillant de l'oiseau, ses yeux vifs et brillants, ses griffes acérées agrippées à la branche. En échange d'un morceau de son pain sec et d'un petit rubis, le corbairoc accepta de porter sa lettre jusqu'à la fenêtre ouverte de la chambre de Rosaline. Dans la cachette de son gîte provisoire, caché parmi les racines d'anciens chênes, Lysandre commença à écrire le message. Son écriture était nette, précise, chaque mot choisi avec le plus grand soin. Il révéla son intention d'obtenir la gemme sacrée, implorant le soutien de Rosaline afin de mettre fin à la guerre sanglante qui déchirait leur monde. Il confessait également son affection pour elle, exposant cette délicate vérité sur le vélin avec une préoccupation tangible. Puis, il glissa la lettre sous la serre du corbairoc, qui mit aussitôt le cap vers le château. Dans l'appréhension, il observa l'oiseau s'éloigner, une pointe d'inquiétude vrillant son cœur. Pourrait-elle comprendre ? Aurait-elle la force de l'aider, malgré leur appartenance à deux camps opposés ? Dans l'obscurité croissante, et avec l'écho lointain du battement d'ailes du corbairoc, Lysandre attendait la venue de l'aube avec une angoisse et une impatience fébriles.