Peu avant l'aube, Lysandre se glissa parmi les échoppes du marché au pied du château. Revêtu des modestes habits d'un marchand, une capuche élimée dissimulant son visage taillé par les batailles, il se mêla à la foule des commerçants qui se préparaient pour une autre journée de ventes. Son regard azur ne manqua pas un détail des allées et des venelles, marquant dans son esprit les itinéraires possibles. Les galets du marché étaient encore humides de la rosée du matin, le crépitement du bois qui brûlait dans les fours se mêlait aux murmures des habitants qui discutaient et négociaient, formant un concert présageant le rythme effréné de la journée. Se glissant entre les étals richement garnis de soieries colorées et de fruits aux arômes exotiques, Lysandre avança tranquillement vers l'entrée du château. Les gardes, fascinés par l'or et las de leur longue veille, ne lui accordèrent pas plus qu'un regard distrait, trop prompt à être apaisés par la simplicité de son déguisement. Arrivé au château, Lysandre ne put s'empêcher d'admirer la grandeur et la beauté des vieilles pierres, majestueusement éclairées par le soleil levant. Tout en admettant que sa mission était de remettre en question l'autorité qui résidait en ces murs, il ne pouvait nier la majesté de ce lieu. C'est alors qu'il remarqua la fenêtre par laquelle il avait prévu de s'introduire. Elle était désormais fermée, les gardes l'avaient probablement remarquée. Malgré la déception, Lysandre ne pouvait se permettre de reculer maintenant. C'était le sort de la guerre que tenait en ses mains. Mais également, c'était l'opportunité de voir, de parler à sa Rosaline. Sa détermination était sans faille et son cœur battait la chamade. Dans quelques instants, il serait face à la femme qu'il chérissait, risquant non seulement sa vie mais peut-être aussi son amour.