Elina regagna un coin reculé de Briarfort, les couloirs se faisant le témoins silencieux de son déchirement. Les brasiers crépitaient, projetant des ombres de gobelins grimaçants sur les pourtours des murs en pierre. Sans un coup d'oeil en arrière, elle dit à Amaury, d'une voix aussi ferme que ses genoux chancelants, « Tu dois partir. » Amaury, avec un dernier regard de douleur, acquiesça à contrecœur et quitta la femme qu'il aimait tant. Elina observa sa silhouette s'éloigner, son coeur battant en écho aux pieds qui s'éteignent au loin. Le silence retombait sur la grande salle, consumant la chaleur précédente. Lorsque le dernier reflet d’Amaury disparut, la princesse dut déployer toute sa force pour ne pas laisser ses jambes céder sous le poids de sa décision. Les pierres froides de la salle s’imprégnaient de son chagrin alors qu’elle s’adossait aux murs, laissant une main traîner le long des gravures anciennes, cherchant de l’espoir dans ses ancêtres et dans l’amour inconditionnel qu’elle portait encore à son peuple. Prenant une profonde inspiration, Elina décida ouvrir un dialogue avec le tyran. C’était un homme cruel et tyrannique, de stature imposante et au visage taillé à la serpe. Il se nommait Belégon, père d’Amaury, un homme dont la réputation de brutalité était soulignée par des yeux d’acier. Néanmoins, elle se jurait de venger son père et redorer le blason de son royaume.