Maelis resta quelques instants devant l'autel, perdue dans ses pensées. Une brise légère soulève des volutes de poussière, dessinant des arabesques temporaires dans l'air. Elle fixe la statue ailée gravée dans la pierre avec une détermination renouvelée, telle une prière silencieuse, un appel à l'action et à la liberté. De sa main gauche, elle serre encore la chaîne qu'elle a arrachée de son cou à Belféor, le cruel souvenir du joug de Leidaris. Son autre main, toujours au contact de l'autel, brûle d'une chaleur étrange, semblant vivifiée par la puissance de Ganthea. Depuis ces terres inconnues, l'amour interdit dont elle avait fait serment à sa terre natale semble lointain, mais vivant, toujours ancré dans son cœur. Elle avait conscience que sa quête la forçait peut-être à trahir son amour pour affronter l'obscurité. Soudain, elle entend des pas résonner, une silhouette se dessine à l'horizon. Un homme de haute stature s'approche, ses yeux sont de la couleur du désert noir, vêtue d'un manteau de dunes et coiffée d'un turban de nuit étoilée. En croisant son regard hypnotique, Maelis sent une vague étourdissante de peur et de fascination. C'est Starkad, l'exilé. Un homme maudit pour son impertinence envers les dieux, mais doté de la connaissance et de la puissance des anciens. Starkad s'arrête devant l'autel, son regard fixé sur Maelis. Il semble évaluer la jeune femme comme s'il cherchait son vague reflet dans une mare.