Au cours des jours qui suivirent, Ezra s’immergea dans une préparation methodique. Son esprit génial oscillait entre différents mondes de conflit : le présent simple contre une complexité temporelle, mais surtout, la savante prudence contre un amour imprudent. Sa réflexion aboutit à une affirmation audacieuse, il allait ramener Elisabeth dans le futur. Ezra n'avait aucune idée des répercussions d'un tel acte. L'arrachement d'une époque à une autre, bien que fascinant, était teinté d'un véritable danger. L'impulsion de l'amour était elle si forte, plongeant son esprit dans un abîme de contemplation sombre et infinie. Il avait consigné ses plans dans des journaux avec la minitie que seul un scientique possède, les formules compliquées et les schémas brouillons errant sur les pages comme des calligraphies tortueuses. En 1895, Elisabeth, de son côté, était déchirée par le sentiment étrange qui la surmontait. Elle sentait qu'elle vivait une romance hors du temps, et l'idée d'un Ezra venant d'ailleurs que son monde lui semblait aussi terrible qu'excitante. Son esprit intrépide était attiré par lui. Sa présence dans sa vie avait la qualité vibrante d'une mélodie lointaine, douce-amère, pleine de promesses et de mélancolie. Ils se retrouvaient le plus souvent dans un petit jardin public, caché parmi les ruelles sinueuses de Londres. C'était un havre paisible où l'amour s'épanouissait, lui prêtant une couleur délicieusement interdite. Ce fut ici qu'Ezra avoua son projet à Elisabeth. L'expression de la jeune femme passa d'abord par un choc muet, puis un mélange complexe de crainte et de fascination. Ezra a pris soin de lui expliquer qu'il ne lui imposerait pas cela. Il l'aimait trop pour cela. La décision repose désormais entre les mains d'Elisabeth. Doit-elle suivre l'amour de sa vie, un homme d'un autre monde, en abandonnant le sien ? Ou devrait-elle rester dans la sécurité de son époque ? La question est maintenant posée, quel sera son choix ?