Une semaine s'est écoulée depuis sa découverte. Pendant ce temps, chaque nuit, dans le labyrinthe de câbles, d'acier et de verre de son laboratoire, Andréa a été assaillie par une multitude de questions. Chaque phrase, chaque mot de la prophétie de guerre interstellaire, elle les a analysés, scrutés et tournés en boucle dans son esprit. Quels étaient ces peuples ? Quelle était cette malédiction ? Et surtout, qui était cet homme pour lequel son cœur battait de nouveau ? Une image en particulier hantait ses pensées, ancrée comme une malédiction : le visage de son ennemi, le bel Adrastos, dont le regard énigmatique semblait cacher un lourd secret. Elle le savait, elle ne pouvait déjouer cette prophétie sans lui. Et son amour pour lui devenait une obsession brûlante, un doux poison qui couvait en elle. En dépit de son exil et du monde qui lui était interdit, Andréa a choisi une voie sans retour possible. Elle a décidé d'empoisonner Adrastos, espérant ainsi empêcher la prophétie de se réaliser. Néanmoins, elle n'a pas choisi un poison ordinaire. C'est une substance rare, une technologie de sa création. Un poison qui n'a pas pour but de tuer, mais d'amnésie. Si Adrastos oublie qui il est, tout ce qu'il a été, la prophétie serait peut-être bouleversée. Cela demanda toute sa maîtrise scientifique et toute sa force de caractère, mais elle parvint finalement à le faire. Le soir venu, dans le silence oppressant du désert martien, elle s'est approchée de lui. Ses émotions ont vacillé entre la peur, l'espoir et une amertume impitoyable. Avec un baiser doux-amer, teinté de tristesse, elle transmit le poison à Adrastos. Le regard brumeux et la stupeur silencieuse de l'homme ont été ses dernières images avant qu'il ne s'effondre, son identité emportée par le venin de l'oubli. Seule, dans le silence douloureux de la nuit martienne, elle a regardé Adrastos sombrer dans l'inconscience, se demandant si elle avait forgé le salut de son peuple ou son propre enfer.