Après avoir causé l'amnésie d'Adrastos avec le poison de l'oubli, une technologie qu'elle avait élaborée dans la solitaire cité scientifique de Mars, Andréa se décida finalement. Malgré l'amour toujours cuisant qu'elle éprouvait pour lui, elle choisit d'abandonner tout ce qu'elle connaissait, tout ce qu'elle aimait. Un choix de solitude. Un choix de souffrance. Un désir de se protéger d'elle-même et de son amour pour lui. Avec chaque pas résonnant dans les couloirs froids et déserts de la cité scientifique, l'impact de sa décision s'alourdissait. Ne laissant derrière elle qu'un Adrastos inconscient, aux souvenirs dérobés par un baiser empoisonné, elle partit vers l'inconnu. Le sable rouge du paysage martien semblait onduler sous la morsure du vent aride qui s'y engouffrait. Les dômes de verre, d'acier et de câbles de la cité scientifique reflétaient une lueur éclatante, presque aveuglante, alors que les deux lunes de Mars le veillaient d'en haut. Dans le vaisseau qui allait l'exiler encore plus loin, Andréa se remémora les mots de la prophétie : la guerre interstellaire, l'ennemi, l'amour interdit, la malédiction. Elle se rappela les traits doux et virils d'Adrastos, la chaleur de ses bras, la profondeur de ses yeux. Et elle se sentit vaciller. Son amour pour lui, c'était à la fois son poison et son remède, sa malédiction et sa rédemption. C'est alors qu'elle vit, dans les tréfonds de ses yeux bleus cobalt qui se reflétaient dans le hublot du vaisseau, l'émergence d'une nouvelle détermination. Si la voie qu'elle venait de choisir était un chemin de solitude et de douleur, elle savait aussi qu'y résidait un espoir de réconciliation et de paix pour sa planète, pour son peuple. Et peut-être aussi, une chance de guérir son cœur brisé.