Aussitôt que ses paroles eurent terminé de s'échapper de ses lèvres, Lenalia sentit autour d'elle le pouvoir qui liait l'univers. De la terre sous ses pieds aux feuilles mortes caressant le sol en tourbillonnant, du soleil couchant colorant le ciel à la première étoile qui commençait à clignoter discrètement au loin – tout semblait ralentir. Avec une douceur innée, elle tendit la main vers le fluide invisible de temps qui coulait autour d'eux, et, dans un murmure silencieux, elle le briqua à son arbitre. Le paysage, comme si pénétré par cette lumière blanche limpide, prit un aspect fantomatique, figé dans une éternité éthérée. Le regard de Lenalia se tourna alors vers Edalion, il était également figé, un léger étonnement peint sur son visage. Ses cheveux cuivrés étaient emportés par le vent maintenant silencieux, créant un halo rougeoyant autour de sa tête. Elle se rapprocha de lui, traversa la bulle figée de temps et toucha son bras. Les yeux d'Edalion rencontrèrent ceux de Lenalia, et dans ce regard partagé, c'était comme si des siècles de souvenirs, de douleur, d'amour et de chagrin étaient comprimés. Lenalia lui glissa son plan rapidement, le temps autour d'eux toujours suspendu. Edalion acquiesça, puis se dirigea vers Xerxes, l’épée à la main. Tandis que Lenalia se préparait à relâcher le temps, ses yeux se posèrent une dernière fois sur Edalion. Il lui sembla voir, dans la lueur du crépuscule, tout le courage et la douleur d'un monde porté sur ses épaules mêlées à une infime lueur d'espoir.