Alors que Gideon vérifiait une dernière fois les attaches fixant Maelis à Hurlevent, la jeune femme n'avait d'yeux que pour l'énorme escargot qui allait bientôt s'écarter de la clarté rassurante de la datcha et l'emporter vers l'Inconnu. Observant la manière dont les antennes de la créature ondulaient, parfois se tendant en point d'exclamation alors qu'elles captaient quelque vibration impalpable, Maelis soupira. Dans son village, une vieille paysanne vénérée pour sa sagesse avait souvent raconté des histoires d'anciens temps où les gens conversaient avec les animaux en utilisant un langage oublié que seules la nature et les créatures les plus anciennes connaissaient. Maelis toucha doucement un des replis moites de la coquille de Hurlevent, son esprit tentait de faire ressurgir les versets magiques qu'elle avait tant de fois entendu. Sa voix tremblait, comme si chaque mot était lui-même chargé de vie et d'hésitation. Mais une réponse vint rapidement dans l'essence de Hurlevent. Un bourdonnement sonore, comme un ronronnement de chat confortablement installé au creux d'un canapé douillet, se répandit dans la pièce, faisant vibrer les planchers rustiques de la datcha. Les antennes du gigantesque escargot semblèrent danser et son corps se mit à luir d'une douce lumière verte. Gideon revint dans la pièce et s'arrêta net en voyant la transformation de Hurlevent. Son visage montra une surprise non feinte, avant de se transformer en sourire d'approbation, tandis qu'il comprend qu'ils avaient là un avantage extraordinaire qui pourrait bien permettre à leur cause de réussir. Au bout du compte, ils avaient peut-être trouvé le moyen de surprendre le sorcier maître de Belféor et de lui porter un coup fatal. Alors, avec une nouvelle détermination dans leur cœur et leur esprit, et l'espoir qui brûlait aussi brillamment que la lumière dans les tenèbres, ils se préparèrent à envahir le territoire du sorcier.