Celle que les autres appelaient paysanne, première et unique chef de la rébellion, faisait face aux marques de tristesse inscrites sur tous les visages. Maelis savait qu'elle devait tenter de contenir ses propres émotions afin de garder une tête froide et de réfléchir rapidement à leurs options. L'idée de Gideon de pénétrer les secrets de l'amulette lui vint immédiatement à l'esprit. Elle fit un signe à Delvin et Dren pour qu'ils reportent toutes les discussions importantes sur l'affrontement à venir pendant qu'elle se retirait dans l'intimité de la tente principale. Maelis s'installa donc face à l'amulette. Le récipient du pouvoir ancestral qui avait toujours résonné en harmonie avec les battements de son cœur maintenant silencieux. Les desseins précédemment mystérieux de Gideon sur cet élément devenaient plus clairs pour elle : il avait espéré découvrir et domestiquer la force latente qui sommeillait en son sein. Maelis contemplait l'amulette. Ses doigts en effleuraient délicatement les formes gravées, en évitant les arêtes coupantes, comme un aveugle découvrant un objet jusqu'alors inconnu. Elle prit une profonde inspiration et ferma doucement les yeux. Le vacarme du camp était étouffé, comme si le monde extérieur était exclu de la bulle qu'elle était sur le point de créer. Puis, dans un murmure qui était à peine audible, elle entonna une prière ancienne, connue seulement par quelques érudits et Gideon. La prière faisait appel aux élémentaires anciens qui, selon les légendes, avaient donné vie à l'amulette il y a des siècles. Certains disaient que ces élémentaires possédaient une connaissance illimitée des sortilèges, de la guerre et de la sagesse, d'autres prétendaient qu'ils étaient des entités surpuissantes capables de détruire des royaumes.