Maelis, le visage illuminé par la lueur d'une lune distant, tourna son attention vers Delvin. Engrangé dans une armure écailleuse et griffée, emblème de son passé réprouvé, l'ancien serviteur de Leidaris gardait les bras fermement croisés, un voile de culpabilité et de détresse jeté sur son regard émeraude. Sa stature intimidante était contrastée par le désarroi manifeste qui suintait de son être, comme s'il était constamment torturé par les chaînes invisibles de sa trahison. Maelis s'approcha de Delvin avec une détermination renforcée dans ses yeux couleur de brouillard. Elle dressa une main hésitante, frôlant légèrement l'armure brutale de Delvin. Au contact de cette peau métallique, elle frissonna, ressentant la souffrance gravée dans ces cicatrices béantes qui saignaient encore les ténèbres. Delvin, surpris par cette proximité inattendue, se raidit d'abord puis, après une seconde de réflexion perceptible, relâcha ses épaules. Leur regard se croisa, emplis d'une tristesse partagée. Pour la première fois depuis longtemps, Delvin se sentit compris, allégé du poids de sa trahison. Confronté à la résolution acharnée de Maelis, il se porta volontaire pour dévoiler les vulnérabilités de Leidaris, exposant peut-être sa faiblesse la plus cruciale, sa soif insatiable de pouvoir. Des murmures s'élevèrent alors autour du feu de camp, attisant les braises de la rébellion. Ce qui était autrefois une simple fuite de Belféor, prenait désormais la forme d'une croisade audacieuse contre Leidaris. La nuit, qui avait amassé un silence morbide, était désormais rythmé par le son ténébreux du complot en marche. Tous les regards étaient désormais tournés vers le levé du soleil qui, dans quelques heures, apporterait la bataille salvatrice qu'ils avaient tous désespérément attendue.